Les portes de l'Histoire — épisode Théodore Deck - La Porte Bleue
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Titre : Pilote Podcast « Les portes de l'Histoire » – Épisode Théodore Deck - La Porte Bleue
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transcription textuelle
intro
Fanny : Hello ! Je suis Fanny de l’Office de Tourisme de la Région de Guebwiller. Ma mère me dit toujours « la curiosité est un vilain défaut » ! Je sais pas si elle dit vrai mais il y a pas longtemps, alors que j’étais seule à l’office, j’ai pas pu résister à la tentation. Depuis le temps que je passais devant cette porte « interdite », fallait bien que je l’ouvre un jour… Du coup, ben… je l’ai fait et j’ai bien fait ! Je vous mets dans le secret mais vous gardez ça pour vous hein ?
Fanny : Alors cette porte s’ouvre sur un ancien confessionnal. Oui je sais c’est bizarre, mais je vais vous expliquer : l’Office de Tourisme est situé dans l’ancienne chapelle du château des Princes abbés de Murbach. Pour une fan d’Harry Potter comme moi j’peux pas rêver mieux !
Fanny : Bref, je reprends : je passe la porte, je me prends les pieds dans je sais pas quoi, je tombe et bam : le trou noir ! Je m’réveille dans un couloir sombre avec plein de nouvelles portes colorées.
derrière la porte bleue
Fanny (stressée puis curieuse) : Qu’est ce que je fais là et… c’est quoi toutes ces portes. Maman me l’avait bien dit : « Voilà ce qui arrive aux personnes trop curieuses ». En même temps j’en ai déjà ouvert une, je peux bien en ouvrir une deuxième et puis de toute façon je ne peux pas revenir en arrière… Bon, par laquelle je commence…? Mmmmh, derrière la porte bleue j’entends du bruit. Allez Fanny courage — toc toc toc.
[Bruitages d’une porte qui s’ouvre]
Fanny : Wouah ! Il fait chaud !
[Bruitages de four]
Fanny (un peu craintive) : EUuuh bonjour… j’peux entrer ?
Fanny : Et là dans la pièce surchauffée je vois un homme massif avec une grande barbe, encombré de plusieurs pièces de céramique bleue.
Théodore Deck, l’air affairé : Oui, entrez, entrez et surtout laissez la porte ouverte, je viens de sortir mes dernières pièces du four et la chaleur est étouffante.
Fanny, interloquée : J’ai l’impression de vous connaître. Peut-être à la boulangerie ou au club de tennis ?
Théodore Deck : Un club de tennis ? Qu’est-ce que c’est ça ?
Fanny, choquée : Et là, ça fait tilt : c’est Théodore Deck, l’inventeur du fameux bleu Deck ! Mais comment c’est possible il vivait il y a près de 2 siècles.
Fanny, interloquée : Je rêve pas, vous êtes bien Théodore Deck ?
Théodore Deck, rieur : Et oui, c’est moi. Que me voulez-vous ?
Fanny : J’comprends pas ce qui m’est arrivé mais j’ai toujours rêvé de vous rencontrer ! Vous m’autorisez à vous poser quelques questions ? Vous savez que vous êtes une vraie star de Guebwiller ?
Théodore Deck : Une star, carrément… je ne sais pas si je suis une star… Disons que je suis un modeste céramiste. Et d’ailleurs j’suis pas certain qu’on employait ce terme lorsque je suis né, dans les années 1820.
[Installer une ambiance sonore rappelant Guebwiller à cette époque]
Théodore Deck : La ville à cette époque grouillait d’ouvriers. On surnommait d’ailleurs Guebwiller la « Mulhouse des Vosges », de nombreuses usines textiles s’y étaient établies, juste après la Révolution française. D’ailleurs mon propre père travaillait pour l’entreprise de rubans de soie de la famille De Barry. Il était ce que l’on pourrait appeler un « sous-traitant ». Dans son petit atelier, situé à l’arrière de notre maison, il teignait des pièces de soie pour le compte de la manufacture. J’étais émerveillé par toutes ces couleurs !
Fanny : Oui je crois voir où est votre maison, il y a même une plaque qui parle de vous dessus aujourd’hui. C’est dans la rue de la Monnaie.
Théodore Deck : Une plaque ? J’en suis flatté ! Malheureusement tout cela n’a pas duré. Lorsque mon père est décédé, je n’avais que 17 ans. Malgré mes efforts, je n’ai pas réussi à faire perdurer l’entreprise.
Fanny : Mais du coup, qu’avez-vous fait ?
Théodore Deck : Et bien je suis parti en apprentissage chez un fabricant de poêle en faïence à Strasbourg. Ce n’était plus de la soie, mais j’étais heureux de pouvoir travailler la matière et la couleur. Cela m’a plu, vraiment. Je crois que c’est là que j’ai trouvé ma voie !
Fanny : Et c’est donc là que vous avez trouvé la recette de votre fameux bleu ? Celui qu’on appelle le bleu Deck ?
Théodore Deck : Oh là, non ! C’est le travail d’une vie. Vous les jeunes vous êtes si impatients ! Je suis parti en voyage, mais ça n’avait rien d’un agrément. J’ai fait le tour de l’Est de l’Europe pour parfaire mes connaissances. J’ai eu l’honneur de travailler sur des chantiers prestigieux comme ce gigantesque poêle en faïence pour le château de Schönbrunn en Autriche, vous savez, le château de l’impératrice Sissi !
Fanny : Incroyable ! Et une fois votre voyage terminé, vous êtes revenu à Guebwiller ?
Théodore Deck : Et non, pas tout de suite ! Je suis allé à Paris où j’ai été embauché dans une célèbre manufacture de faïence. Mais je suis quand même retourné à Guebwiller, en 1848. Vous comprenez, je m’y sentais plus en sécurité loin des mouvements révolutionnaires qui agitaient Paris. À cette occasion j’ai d’ailleurs travaillé pour la société de musique de l’ancienne église des Dominicains…
Fanny : Et c’est à Guebwiller que vous avez retrouvé la formule de votre Bleu ?
Théodore Deck : Toujours pas mais rassurez-vous je vais vous en parler, le moment venu. À 25 ans passés, il était temps de songer à la postérité.
Fanny : À 25 ans ? Vous savez, à 25 on finit juste l’école hein…
Théodore Deck : Quoi qu’il en soit, avec mon frère Xavier nous avons rapidement fondé notre propre entreprise de faïence d’art à Paris.
Fanny : Ah, et c’est là que vous avez pu vous consacrer à vos recherches sur votre bleu ?
Théodore Deck : Eh oui, et notamment à retrouver la formule de ce fameux bleu de Perse dont l’éclat m’obsédait depuis si longtemps… Ce fut long mais… j’ai réussi !
Fanny : Et vous avez bien modestement appelé ce bleu de votre nom c’est ça ?
Théodore Deck : Oh là non, je n’avais pas cette prétention. Ce bleu existait des siècles avant que j’en retrouve la formule. Ce sont des contemporains, qui, sans doute par flatterie, lui ont attribué mon nom. Vous savez, je n’ai jamais apprécié d’être sur le devant de la scène.
Fanny : Et moi qui pensais vous faire plaisir en vous disant qu’à Guebwiller une rue, un lycée dans lequel j’ai d’ailleurs étudié, et un musée porte votre nom. Même les festivités de Noël sont baptisées Noël Bleu, en votre hommage.
Théodore Deck : Tout ça pour un bleu, vous me faites rougir ! Il y a dans l’histoire de Guebwiller bien d’autres personnes qui méritent d’être mises en avant ! D’ailleurs, si j’étais vous, j’irais voir derrière la porte rouge.
Fanny : Et c’est ainsi que notre conversation prit fin, si vous voulez découvrir la personne que j’ai rencontrée derrière la porte rouge, je vous invite à écouter notre prochain épisode !
mentions
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